
À Mayotte, pour les personnes en situation irrégulière, tous les moyens sont bons pour obtenir un titre de séjour ou la nationalité française. À la barre de la salle d’audience du tribunal correctionnel, un homme, de nationalité française, devait s’expliquer sur les accusations qui pesaient sur lui : reconnaissance d’enfant pour l’obtention d’un titre de séjour ou pour l’acquisition de la nationalité française.
Les faits remontent au 13 décembre 2023, lorsque le prévenu se rend à la mairie de Ouangani pour reconnaître un enfant né le 10 décembre de la même année. Accueilli par une agente de la mairie, la situation se complique lorsque cette dernière lui pose quelques questions de formalité. Les réponses de l’homme sont hésitantes, peu claires, et semblent avoir été apprises par cœur. De plus, il semblerait que cet homme soit déjà venu reconnaître des enfants à plusieurs reprises dans la même mairie. Pour l’agente, il n’y a pas l’ombre d’un doute : ce n’est pas le père de l’enfant. Elle fait un signalement aux autorités et une enquête pénale est ouverte.
Face aux enquêteurs, l’homme explique qu’il a deux enfants, mais il oublie qu’avec le bébé qu’il a tenté de reconnaître, cela ferait trois. Il revient ensuite sur sa déclaration et affirme qu’il en a trois. Dans sa famille, que ce soit sa tante ou sa sœur, personne n’est au courant de cette naissance et ne sait pas qui est la mère de l’enfant. À la barre, le prévenu explique qu’il avait prévu de présenter celui qu’il dit être son enfant « une fois qu’il saurait marcher ». Que ce soit au tribunal ou durant l’enquête, ses explications restent confuses.
La procureure souligne que les versions de l’homme et de la femme ne coïncident pas, notamment sur les dates. « Des hommes sont rémunérés pour reconnaître des enfants », rappelle-t-elle. Pour le parquet, il est coupable : 5 000 euros d’amende, dont 3 000 avec sursis, sont requis à son encontre, ainsi qu’un test ADN pour vérifier la filiation.
Après délibération, le tribunal le relaxe en raison du manque « d’éléments pour caractériser les faits ». Le ministère public a dix jours pour faire appel. Il est toutefois curieux qu’un test ADN n’ait pas été ordonné. Une décision qui surprend, d’autant que l’homme est connu à la mairie pour y être régulièrement venu reconnaître des enfants.