
Repérer une surdité chez l’enfant n’est pas toujours simple. Les symptômes peuvent être discrets, et beaucoup de parents pensent que le retard de langage ou l’inattention sont simplement liés à l’âge. Pourtant, une détection précoce fait toute la différence.
La surdité chez l’enfant : un trouble fréquent souvent méconnu
La surdité chez l’enfant peut être congénitale, présente dès la naissance, ou acquise au cours de l’enfance. C’est l’un des troubles sensoriels les plus fréquents chez le nourrisson, mais il reste souvent méconnu du grand public. Beaucoup pensent à tort qu’un retard de langage, un manque de réaction aux consignes ou un comportement réservé sont simplement liés à l’âge ou à la personnalité de l’enfant. Or, ces signes peuvent cacher une atteinte auditive qui, si elle n’est pas détectée rapidement, peut avoir des conséquences sur le développement du langage, la réussite scolaire et la vie sociale.
Selon la Fondation Pour l’Audition (source 1), environ 1 naissance sur 1 000 est concernée par une surdité, même en l’absence d’antécédent familial. « Une surdité non dépistée peut entraîner un retard ou des troubles dans l’acquisition du langage, des difficultés scolaires, voire un isolement social », rappelle la Fondation. Une prise en charge précoce est donc essentielle pour limiter ces impacts.
Surdité congénitale ou acquise chez l’enfant : quelles causes ?
Les causes de la surdité infantile sont multiples :
- Elle peut être génétique et héréditaire : une grande partie des surdités congénitales a une origine génétique. Toutefois, seuls 5 % des enfants sourds ont un parent concerné ;
- Il peut s’agir de causes prénatales : certaines infections contractées par la mère pendant la grossesse, comme la rubéole, la toxoplasmose ou le cytomégalovirus, peuvent endommager l’audition du bébé ;
- Il peut s’agir de causes périnatales et néonatales : prématurité, complications à la naissance ou ictère sévère peuvent entraîner une atteinte auditive ;
- Il peut s’agir de causes post-natales : infections (méningite, oreillons), otites à répétition, traumatismes ou certains médicaments peuvent provoquer une surdité acquise.
La surdité de transmission et la surdité de perception
On distingue deux grandes catégories de surdités :
- La surdité de transmission : elle correspond à une altération de la transmission de l’onde sonore au niveau de l’oreille externe ou moyenne. Elle peut être due à une malformation congénitale d’oreille. Chez le jeune enfant, elle est la conséquence d’une otite séreuse (otite chronique qui dure plus de trois mois). Elle est souvent réversible : des moyens médicaux ou chirurgicaux permettent de la traiter ;
- La surdité de perception : cette lésion du système auditif au niveau de l’oreille interne ou du nerf auditif est généralement définitive. Il peut s’agir d’une perte légère de l’audition ou d’une surdité totale. Le plus souvent génétique, elle se manifeste dès la naissance. Elle peut être aussi, quoique rarement, consécutive à une souffrance fœtale aiguë, à une infection materno-fœtale (rubéole, toxoplasmose), à une grande prématurité ou à une hypotrophie. Chez le jeune enfant, elle peut aussi être la conséquence d’une méningite. Plus profonde, elle nécessite un suivi spécialisé, indique la Fondation pour l’Audition.
En vidéo : je suis sourde et j’en parle ! – Témoignage
Signes d’alerte de la surdité chez l’enfant : quand s’inquiéter ?
D’une manière générale, les signaux d’alarme, que ce soit pour la surdité de perception ou pour la surdité de transmission, surviennent à tout âge, avec des degrés divers selon la perte auditive et l’âge auquel survient la surdité.
C’est ainsi que l’on peut observer un retard de langage et de parole (vocabulaire, syntaxe, articulation…), mais aussi une absence de réaction au bruit ou à la voix. Cependant, n’oublions pas que l’âge d’apparition des premiers mots se situe en moyenne entre 12 et 17 mois.
Les signes à surveiller sont les suivants :
- Entre 0 et 3 mois : l’enfant ne réagit pas aux bruits, c’est un nouveau-né trop calme qui ne se réveille pas quand on fait du bruit dans sa chambre ;
- Entre 9 et 12 mois : le bébé ne redouble pas les syllabes (pas de « pa-pa » ou de « ma-ma »). Il crie beaucoup ;
- Entre 1 an et 2 ans : le langage ne s’élabore pas, l’enfant n’imite pas les sons, il semble ne pas obéir à ce qu’on lui demande de faire, il ne répond pas quand on l’appelle ;
- À 3 ans : ses phrases sont peu évoluées, il articule mal…
- Après 4 ans : de petites confusions phonétiques entre certains sons (« p, f, t, b, v, d »), le besoin de monter le son pour regarder la télévision ou écouter de la musique, sont autant d’indices qui doivent amener à consulter. Quelquefois un trouble du comportement (enfant agressif, hyperactif ou, à l’inverse, effacé, distrait…) est associé.
Dès qu’un ou plusieurs de ces signes apparaissent, il est recommandé de consulter un pédiatre ou un ORL. Une détection précoce peut faire une énorme différence dans le développement du langage et la scolarité de l’enfant, indique le site de l’Assurance Maladie (source 2).
Le dépistage néonatal : un atout majeur
Depuis 2014, la France propose un dépistage systématique de l’audition à la naissance. Ce test, généralement réalisé avant la sortie de la maternité, permet de détecter rapidement une surdité congénitale et de mettre en place un accompagnement précoce. Même si le test initial est normal, un suivi régulier est recommandé, car certaines surdités peuvent apparaître plus tard dans l’enfance, rapporte la Fondation Pour l’Audition.
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Un appareillage auditif
La plupart des enfants bénéficient d’appareils auditifs dès le plus jeune âge. Ces dispositifs doivent être adaptés et réglés par un audioprothésiste spécialisé, en coordination avec un ORL. Pour certaines formes de surdité profonde, une implantation cochléaire peut être envisagée. Ces technologies permettent à l’enfant de percevoir les sons et d’améliorer considérablement son développement du langage.
L’orthophonie et la rééducation auditive
Dès le diagnostic, un suivi orthophonique est recommandé pour aider l’enfant à développer le langage, la communication et la compréhension. La rééducation auditive, notamment l’apprentissage de la lecture labiale ou de la communication gestuelle, peut être intégrée pour soutenir l’apprentissage et renforcer la confiance en soi.
L’accompagnement scolaire et pédagogique
Les enfants sourds ou malentendants peuvent bénéficier de dispositifs spécifiques à l’école, tels que des classes adaptées, des assistants d’éducation, ou des aides techniques (microphones, systèmes FM, sous-titrage). L’objectif est de permettre une inclusion scolaire optimale et de limiter les difficultés d’apprentissage liées à la surdité.
Un soutien psychologique et social
Le diagnostic et le suivi d’une surdité peuvent être difficiles pour l’enfant et sa famille. Un accompagnement psychologique, individuel ou familial, peut aider à gérer l’impact émotionnel et à soutenir la vie sociale de l’enfant. Les associations et réseaux spécialisés, comme la Fondation Pour l’Audition, offrent des conseils et des ressources pour les familles.
Une intervention précoce, idéalement avant l’âge de 1 à 2 ans, est déterminante pour le développement du langage et l’intégration scolaire. « Plus l’accompagnement est complet et coordonné, plus l’enfant a de chances de progresser et de s’épanouir pleinement », rappelle la Fondation Pour l’Audition.
Prévention : protéger l’audition des enfants
La prévention reste un élément essentiel pour préserver l’audition des enfants, qu’ils soient déjà touchés par une surdité ou non. Le bruit représente un facteur de risque majeur dès le plus jeune âge : écoute prolongée de musique à volume élevé, environnement bruyant, ou usage répété d’écouteurs peuvent endommager l’audition de façon progressive et parfois irréversible. Pour protéger les enfants, quelques gestes simples peuvent faire une grande différence :
- Limiter l’exposition aux bruits forts : éviter les environnements bruyants prolongés, comme les concerts ou certains parcs d’attractions, et préférer des protections auditives adaptées lorsque l’exposition est inévitable ;
- Contrôler le volume des appareils audio : inciter les enfants à écouter la musique ou les vidéos à un volume modéré et à faire des pauses régulières ;
- Surveiller les infections de l’oreille : traiter rapidement les otites et suivre les recommandations médicales pour prévenir les complications auditives.
Une prévention régulière, combinée à un suivi médical adapté, permet non seulement de limiter le risque de surdité acquise, mais aussi de favoriser le développement du langage et de la communication, et de préserver la qualité de vie de l’enfant, conclut la Fondation Pour l’Audition.
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