À Mayotte, Sea Shepherd tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : selon le rapport Nyamba 2023, le braconnage est devenu la première cause de mortalité des tortues marines sur l’île. L’ONG décrit un carnage systématique, organisé et largement sous-estimé. Sur les plages, les bénévoles retrouvent régulièrement des carapaces ouvertes, des œufs abandonnés et des traces de tortues tuées avant la ponte, la viande pouvant se vendre jusqu’à 60 €/kg. Malgré un Plan national d’action et un pacte de sauvegarde, les tortues restent livrées aux braconniers, qui opèrent désormais en bandes organisées. 
Sea Shepherd dénonce aussi l’absence criante de moyens publics. Les gardiens censés surveiller les plages sont souvent absents, et certaines complicités sont évoquées. Depuis 2017, l’ONG multiplie les patrouilles nocturnes — parfois avec des Mahorais vivant eux-mêmes dans des conditions très difficiles — et empêche régulièrement des mises à mort. En décembre, une tortue a pu être sauvée in extremis à Charifou, l’un des nombreux exemples d’interventions d’urgence menées par les équipes. 
Le rapport souligne une sous-estimation massive du phénomène. Les comptages officiels, trop espacés, ne reflètent pas la réalité : de nombreuses tortues sont emportées en barque ou en voiture, tuées ailleurs et leurs carapaces dissimulées. À Moya, Sea Shepherd affirme repousser « des dizaines de tentatives » alors que les chiffres officiels évoquent parfois seulement quelques cas annuels. 
Face à l’inaction persistante, Sea Shepherd a engagé deux recours juridiques contre le Conseil départemental et le ministère de l’Environnement pour faire reconnaître la responsabilité de l’État. L’ONG réclame la création urgente d’une brigade dédiée et réellement présente sur le terrain. Car sans réponse ferme et coordonnée, Mayotte risque de voir disparaître l’un de ses trésors naturels les plus emblématiques.






