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Retour sur la cavale de Mdéré, « l’homme le plus recherché de Mayotte »

Il y a quelques jours, Abdérémane Nassur, surnommé Mdéré, était de sortie à Mtsapéré pour une reconstitution policière de faits datant de plusieurs années. Évadé de Majicavo en 2016 et repêché en 2018, il a été condamné l’année dernière à une peine de 18 ans de prison ferme. 

Son surnom n’a rien à voir avec l’illustre Zéna Mdéré, loin de là. Abdérémane Nassur, né le 2 octobre 1996 aux Comores, était, entre juillet 2016 et décembre 2018, « l’homme le plus recherché de Mayotte ». Une sorte de Jacques Mesrine de l’île au lagon donc, encore que ce dernier ne violait pas les femmes. Car, oui, Mdéré s’est distingué par une série de faits criminels parfois sordides. Retour en 2015. Des groupes de délinquants sévissent sur toute l’île, dressant des barrages et agressant les passants. C’est d’eux que découle la tristement fameuse expression « coupeurs de route ». Et, parmi ces sombres individus, quelques-uns ressortent du lot, emmenant l’immoralité toujours plus haut : « la bande à Mdéré ».

Pas de héros parmi les gangsters

En 2015 et 2016, ils sèment la terreur sur les routes de nuit, principalement sur la commune de Mamoudzou et dans le sud de l’île. Vraisemblablement basé à Tsoundzou 2, Mdéré est alors âgé de 19 ans seulement. Le jeune homme est connu pour ses compétences de cambrioleur, écartant les barreaux des habitations à l’aide d’un cric. Ses comparses et lui-même enchaînent alors les vols de véhicules et de biens, sillonnant les routes du 101ème département dans différentes voitures, qu’ils changent au gré de leurs rencontres. La voie publique semble leur appartenir, et, au bord de celle-ci, le moindre couple en recherche d’intimité est menacé par les lames des membres de la bande à Mdéré. Mais, le soir du 5 mai, à Chirongui, ces derniers passent à un autre niveau, de la vilenie à l’ignoble. Lors d’un énième vol de véhicule, ils en profitent pour violer une jeune femme. Comme si le pire avait été commis, Mdéré est arrêté peu de temps après, et placé en détention, dans l’attente de son procès.

Nous sommes la matinée du dimanche 5 juillet 2016. Après quelques mois passés au centre pénitentiaire de Majicavo, Mdéré s’impatiente. Accompagné de deux codétenus, il s’évade de la prison, même si cela lui vaudra cinq autres années d’office. Ainsi débutent deux ans de cavale, durant lesquels Abdérémane Nassur effectuera plusieurs allers-retours à Anjouan et vivra dans la forêt mahoraise, tel un animal. Mais l’ermite n’en est pas un : épaulé de nombreux complices, il échappe de nombreuses fois au radar et aux coups de filet de la section de recherches, devenant l’homme le plus recherché de Mayotte. Loin de vouloir se racheter, Mdéré continue dans la voie qu’il a choisi bien jeune, la seule qu’il connaisse : le banditisme. Si ses activités durant sa cavale ne sont pas toutes connues, il est poursuivi pour d’autres faits de séquestration, cambriolages et contrebande à cette époque.

18 ans de prison ferme

C’est cette dernière qui lui coûtera sa liberté une bonne fois pour toutes. Un soir de décembre 2018, à 23 heures 15, le fugitif est sur la plage de Soulou, surveillant le chargement d’un kwassa de contrebande pour Anjouan. Les forces de l’ordre, tapies dans la végétation, lancent un coup de filet extraordinaire, qu’elles préparaient depuis plusieurs jours. Mdéré saisit immédiatement un couteau de pêche. Mais il doit bien se résoudre à abdiquer devant le nombre d’agents. Il retourne à Majicavo, et plus précisément à l’isolement.

Le procès de l’une des plus célèbres bandes de coupeurs de route avait enfin lieu en juin dernier, leur impact sur la société mahoraise le rendant encore plus suivi. La justice a alors tout en main, ayant déclenché des écoutes, des filatures, pour épingler ces criminels. Mdéré est naturellement désigné comme le pilier de la troupe. Il prend 18 ans de prison ferme, une peine exemplaire qui outrepasse la réquisition du procureur. Il écope, en outre, d’une interdiction de pénétrer sur le territoire français à vie. Mais Abdérémane Nassur est encore sous le coup d’autres condamnations. Ainsi, il y a quelques jours, il a participé à une reconstitution policière de faits délictueux s’étant passés en 2016 à Mtsapéré. Espérons que cette courte sortie ne lui redonne pas des envies de liberté…

Un article d’Axel Nodinot à retrouver dans l’édition du 8 mars de France Mayotte Matin.

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