Chaque mois de décembre, la prime de Noël est présentée comme un geste de solidarité nationale envers les plus modestes. En métropole et dans la quasi-totalité des départements d’outre-mer, elle apporte un vrai bol d’air aux bénéficiaires du RSA, de l’ASS ou de l’AER. À Mayotte, en revanche, la réalité est tout autre : la prime existe, mais elle est amputée de moitié, parfois davantage. Une différence qui ressemble, pour beaucoup de Mahorais, à une exclusion déguisée.
Concrètement, là où un allocataire du RSA perçoit environ 150 euros en métropole, un bénéficiaire mahorais doit se contenter d’un peu plus de 70 euros. Même logique pour les familles : plus le foyer est nombreux, plus l’écart devient criant. Résultat : dans le département le plus pauvre de France, l’aide exceptionnelle de fin d’année est… exceptionnellement faible.
Pourquoi une telle inégalité ? La réponse tient à un choix politique ancien. À Mayotte, l’ensemble des prestations sociales est inférieur au droit commun. Depuis la départementalisation, l’État a fait le choix d’un alignement « progressif » des droits sociaux, jamais achevé. Le RSA, les allocations familiales ou l’AAH y sont toujours versés à des montants réduits. La prime de Noël, calculée sur ces bases, subit donc le même traitement.
Ce système crée un paradoxe brutal : là où les besoins sont les plus forts, l’aide est la plus faible. Chaque année, la prime de Noël rappelle ainsi une réalité tenace : à Mayotte, l’égalité sociale promise reste, encore et toujours, différée.









