Coincée depuis plus de trois heures derrière un semi-remorque et un autre poids lourd entrés en collision, une colonne entière de véhicules est à l’arrêt total sur cette route de Mayotte. Les conducteurs, épuisés, ont fini par descendre spontanément de leurs voitures, comprenant que l’attente serait longue. « On a quitté à 4h du matin… et demain on doit repartir à la même heure. Ce qui m’inquiète, c’est qu’on ne sait pas quand on pourra rentrer », glisse un homme visiblement exténué.
La scène illustre une lassitude profonde. Quelque chose a changé dans le comportement des Mahorais : plus personne ne cherche à savoir ce qui se passe. Plus de « Qu’est-ce qui se passe devant ? », plus de curiosité collective. Juste un silence résigné, presque mécanique. Chacun fait quelques pas pour soulager son dos, tente d’apaiser sa colère, et attend. L’incertitude est devenue une habitude, et la patience une obligation. À Mayotte, même les embouteillages ne surprennent plus : ils usent.









