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Par le biais d’un communiqué, hier soir l’association France victimes Mayotte a décidé d’écrire à la ministre des outre-mer, Annick Girardin. Sa présidente Faouzia Kordjee ainsi que sa vice-présidente Sophiata Souffou ont décidé de prendre la parole pour faire part de leur état d’esprit. Voici le contenu de leur lettre:
“Madame Girardin,
Vous avez déclaré ce matin sur France Inter que l’État français était prêt à modifier la Constitution pour régler le problème du statut de l’Hôpital à Mamoudzou. La France s’apprête à remettre en question le Droit du Sol en réaction aux difficultés de Mayotte.
Vous avez également déclaré que les retards accumulés sur Mayotte étaient très importants et nécessitaient des investissements conséquents. Les Élus de Mayotte ont proposé la constitution d’un Fonds Exceptionnel de Rattrapage pour y contribuer. Estimé à deux milliards d’euros sur 10 ans, votre gouvernement semble pour le moins frileux à s’engager sur un tel montant.
Madame la Ministre, il y a quelques mois, des mahorais, dont l’Association des Maires de Mayotte, ont déployé toute leur énergie pour participer aux Assises de la coopération décentralisée franco-comorienne à Moroni. À la suite d’un imbroglio diplomatique auquel personne n’a rien compris, consigne a été donnée par le Quai d’Orsay de rester chez nous.
Madame la Ministre, la France métropolitaine se plait souvent à nous décrire, nous mahorais, comme racistes. On prétend que nous sommes indifférents au drame de l’immigration clandestine. Madame la Ministre, c’est faux. Comoriens et Mahorais partagent la même religion, l’Islam. Une religion de paix, une religion humaniste, une religion qui place au-dessus de tout l’âme humaine.
Madame la Ministre, demain vous serez au Conseil des Ministres. Je vous propose de suggérer au Premier Ministre une nouvelle politique. Vous allez faire des économies, vous allez pouvoir sauver des vies humaines, et vous allez pouvoir contribuer efficacement au développement des Comores.
Madame la Ministre, tout Mayotte a réfléchi à son avenir. Les Mahorais ont proposé des mesures sur lesquelles ils travaillent encore. Je vous invite à prendre connaissance des trois premières mesures. Madame la Ministre, les Français de métropole s’entêtent à vouloir nous renvoyer à l’Union des Comores. Comme eux nous sommes noirs. Comme eux nous sommes musulmans. Et ces deux critères semblent suffisants à nous exclure de la Nation française.
Madame la Ministre, peut-être avez-vous vu ce matin le rassemblement des Mahorais place de la République à Mamoudzou. Les Mahorais ont, une fois de plus, fait la démonstration éclatante de leur attachement à la République française. Cette République, notre République, n’a pas de couleur de peau, n’a pas de religion. Notre République Française est portée par un projet national, un projet qui s’appuie sur trois principes. La liberté, l’égalité et la fraternité.
Tout Mayotte va suivre très attentivement les débats qui auront lieu au parlement ce mercredi. Tout Mayotte attendra la réaction des députés français avant d’ouvrir les discussions avec l’équipe de négociation envoyée par le gouvernement. Et dans cette attente, c’est tout Mayotte dans sa diversité de couleur et de religion qui vous le dit : Nya Moja Udza Lulu ! Madame la Ministre, merci. Nous comptons sur vous pour transmettre ce message au Conseil des Ministres de demain.”
