À Chirongui, la population excédée par la prostitution près de la station-service pourrait retrouver la tranquillité. Le parquet de Mamoudzou annonce le démantèlement d’un réseau de proxénétisme et traite d’êtres humains. Douze personnes ont été mises en examen, certaines nées en 2006. Plusieurs policiers pourraient être impliqués selon nos sources.
Depuis plusieurs années, les colonnes de France Mayotte Matin font état du ras-le-bol de la population de Chirongui face à la prostitution autour de la station-service, qui perturbe la vie des familles et des enfants. Il se pourrait que ces derniers retrouvent un peu de tranquillité puisque le procureur de la République, Guillaume Dupont, a communiqué hier sur le démantèlement d’un vaste réseau de prostitution et de proxénétisme à Chirongui et Chiconi notamment. Les magistrats instructeurs du tribunal de Mamoudzou ont également retenu la qualification de « traite des êtres humains en bande organisée ». en plus de « proxénétisme aggravé en bande organisée, aide à l’entrée, la circulation ou au séjour irréguliers d’étrangers ». Les victimes sont des femmes de nationalité malgache.
Dans le cadre de ce trafic, 12 personnes ont été mises en examen. Les plus jeunes sont nées en 2006. La plus grande partie d’entre elles a été placée en détention provisoire à Majicavo, informe le parquet. 207 000 € auraient été blanchis selon les enquêteurs, qui poursuivent leur travail minutieux d’enquête. La section de recherche de la gendarmerie de Mamoudzou et l’OLTIM Mayotte œuvrent depuis plusieurs mois au démantèlement de ce réseau.
Selon nos informations, à Chirongui, le trafic se déroulait en face de la station-service, à proximité du restaurant-bar Le Bangabé, sur un terrain qui pourrait appartenir à un policier du commissariat de Mamoudzou. Par le passé, ce dernier y aurait installé une station de lavage, rapporte le voisinage. Celui-ci affirme que, dans cette maison, étaient organisées des soirées festives avec des prostituées. Le propriétaire, surnommé « Cowboy », est directement mis en cause par les habitants du quartier, le voisinage confirme son appartenance aux effectifs de la Police et explique également qu’il pourrait déjà être suspendu de ses fonctions.
Il semblerait, d’ailleurs, selon nos sources, que plusieurs policiers, y compris de la PAF, pourraient être inquiétés dans les prochaines semaines dans le cadre de ce vaste trafic. Les jeunes femmes étaient enrôlées dès Madagascar pour se prostituer à Chirongui, mais également à Chiconi, dans des maisons où elles n’avaient pas la possibilité d’utiliser de préservatifs, afin d’enchaîner davantage de passes chaque jour. Lorsqu’elles étaient épuisées par le travail qui leur était imposé, elles étaient manu militari réexpédiées vers Madagascar.
Un réseau qui tournait visiblement plutôt bien, jusqu’à ce que les nuisances perturbent le voisinage de la maison de Chirongui, provoquant la mobilisation des autorités. L’enquête a permis de tirer un premier fil de la pelote. Reste désormais à savoir si ce réseau était uniquement spécialisé dans la prostitution ou si d’autres activités criminelles lui seront reprochées au fur et à mesure des avancées. La mise en cause probable de policiers dans les prochaines semaines tombe au plus mal et jette l’opprobre sur une institution qui n’en a vraiment pas besoin. Le procureur Guillaume Dupont confirme que « La peine maximale encourue est 20 ans de réclusion criminelle, une peine d’amende de 3 millions d’euros maximum pour les commanditaires. »
Anne Constance Onghéna pour France Mayotte Matin






