Coxalgies : à quoi sont dues les douleurs de hanche ?

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Lorsqu’un patient se plaint de la hanche, il désigne généralement une douleur localisée sur le côté du bassin. Cette zone regroupe une articulation, des tendons, des muscles et des nerfs. Pour soulager la douleur, il faut dans un premier temps l’identifier et en comprendre la cause. La docteure Aline Frazier, rhumatologue à l’Hôpital APHP de Lariboisière.

Qu’est-ce que la coxalgie ?

Si le terme de coxalgie signifie étymologiquement douleur (algie) de la hanche (cox), elle désigne en réalité une maladie très précise en médecine. “Historiquement, le terme coxalgie est le nom qui a été donné à une infection de la hanche liée à la tuberculose. En médecine, on ne l’utilise jamais dans d’autre cas” souligne la Dre Frazier. 

Deuxième “abus de langage” courant : le terme “hanche”, qui est souvent utilisé à mauvais escient par le grand publique. 
“En rhumatologie, la hanche représente l’articulation entre l’os du bassin (iliaque) et celui du fémur – c’est l’articulation coxo-fémorale” explique notre experte. Les patients quant à eux, ont tendance à parler de hanche, dès que la douleur est située sur sur le côté du bassin. 
“Pour cette raison, il est plus correct de parler de douleurs dans la région du bassin, plutôt que de douleurs dans la hanche ou de coxalgie” conclue cette dernière. 

Coxarthrose, nerf coincé, tuberculose, maladie de la hanche : quelles peuvent être les causes d’une coxalgie ?

La région de la hanche est un carrefour anatomique complexe où se croisent articulations, muscles, tendons et nerfs. Une douleur « à la hanche » peut donc en pratique venir de structures très différentes. 
Si l’on s’en tient à la définition stricte de la hanche – à savoir l’articulation coxo-fémorale – la cause la plus fréquente est de loin, l’arthrose de la hanche aussi appelée coxarthrose.

L’arthrose de hanche est plus fréquente avec le vieillissement, mais elle peut aussi être favorisée par des malformations congénitales comme la dysplasie ou d’autres anomalies de conformation de la hanche.
Bien que moins fréquentes, d’autres pathologies articulaires peuvent aussi toucher l’articulation de la hanche et provoquer des douleurs : l’arthrite (inflammation de l’articulation), qui peut être inflammatoire ou infectieuse ou des lésions du cartilage.

“Lorsque la douleur se situe sur le côté de la hanche, de la cuisse ou de la fesse, il s’agit moins souvent de l’articulation et bien plus souvent d’un problème des tendons des muscles fessiers, en particulier le moyen fessier” indique la Dre Frazier.
La douleur se manifeste alors souvent en position décubitus latéral, à savoir lorsque l’on est allingé sur le côté atteint. “Contrairement aux douleurs de coxarthrose, ces douleurs tendineuses n’engendrent pas de boiterie et ne sont pas exacerbées par la marche” 
Cette zone correspond par exemple au « syndrome douloureux du grand trochanter » (tendinite, bursite trochantérienne…), très fréquent chez les femmes dès la cinquantaine, chez les sportifs ou après un changement de posture.

La sciatique : la douleur part du bas du dos, passe dans la fesse, puis descend sur le côté de la cuisse et parfois jusqu’au pied.
Et la cruralgie, qui occasionne une douleur partant de la région lombaire, traversant la fesse puis descendant dans l’aine et l’avant de la cuisse.
“Ces douleurs sont souvent liées à une hernie discale ou à l’arthrose lombaire, qui compriment les racines nerveuses” ajoute l’expert pour terminer.

Symptômes coxarthrose droite ou gauche : où se situe la douleur de l’arthrose de la hanche ?

La douleur de la coxarthrose est de type mécanique, ce qui signifie qu’elle survient surtout à l’usage – lors de la marche par exemple – et est plutôt soulagée par le repos. “Elle est faible le matin, s’amplifie au fur et à mesure de la journée et s’apaise voire disparait la nuit. Ça n’est jamais une douleur qui réveille la nuit” indique la Dre Frazier. La gêne est localisée dans l’aine, parfois à l’avant de la cuisse, et peut irradier jusqu’au genou — “à tel point que certains patients n’ont mal… qu’au genou” précise cette dernière.
Le signe très spécifique de l’arthrose de hanche est la boiterie d’esquive : la personne modifie sa démarche pour limiter la pression sur la hanche douloureuse.

Les mouvements qui réveillent le plus la douleur, sont ceux qui sollicitent fortement l’articulation coxo-fémorale : “monter ou descendre les escaliers, enfiler ses chaussettes, ou monter et descendre d’un siège ou d’une voiture” énumère la rhumatologue. Ces limitations sont évaluées par l’indice de Lequesne, un outil clinique qui mesure l’impact fonctionnel de la douleur sur la vie quotidienne.
Il existe une grande discordance entre les anomalies visibles à la radiographie et les symptômes ressentis. “Certaines personnes présentent d’importantes lésions d’arthrose à la radiographie mais peu de douleurs, tandis que d’autres ont peu de signes visibles sur les images, mais souffrent beaucoup” souligne notre experte. 

Enfin, la coxarthrose peut toucher indifféremment les deux côtés de la hanche. “Notons toutefois que lorsqu’un côté est atteint, le risque que l’autre hanche développe également de l’arthrose est plus élevé” indique la rhumatologue.

Est-ce que la marche est bonne pour l’arthrose de la hanche ?

Il est tout d’abord important de rappeler que la sédentarité est l’un des ennemis majeurs de l’arthrose. Bouger régulièrement permet de maintenir la souplesse articulaire, de renforcer les muscles qui soutiennent l’articulation et d’améliorer la nutrition du cartilage grâce à la stimulation du liquide synovial. À l’inverse, la sédentarité favorise la raideur, l’affaiblissement musculaire et peut accélérer la dégradation articulaire.

Comment soigner une coxarthrose ?

À ce jour, aucun traitement curatif n’a démontré une efficacité certaine pour ralentir ou inverser la dégradation articulaire. La prise en charge de la coxarthrose est donc avant tout symptomatique, visant à soulager la douleur et à préserver la mobilité. “En première intention, les antalgiques comme le paracétamol sont privilégiés en première intention. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent aussi être utilisés, mais avec prudence, notamment en cas de contre-indications” indique la spécialiste. 
La kinésithérapie joue un rôle clé dans la gestion de la coxarthrose. “Elle aide à renforcer la musculature autour de la hanche, à préserver ou regagner l’amplitude articulaire, et contribue à maintenir l’autonomie grâce à des exercices adaptés que le patient peut poursuivre seul” détaille la spécialiste.

En cas de douleurs plus intenses, résistantes aux antalgiques, les infiltrations articulaires peuvent être proposées. “Les injections de corticoïdes apportent souvent un soulagement rapide, bien que temporaire, permettant de calmer les poussées douloureuses” détaille la Dre Frazier. 
Des injections d’acide hyaluronique ou de plasma riche en plaquettes (PRP) sont encore en phase d’évaluation clinique. Ces procédures sont généralement sûres, avec un faible risque d’infection ou de saignement.

“Des compléments alimentaires naturels, tels que le curcuma, le cartilage, le collagène ou la chondroïtine sulfate, sont parfois proposés, mais les données scientifiques restent insuffisantes pour en recommander l’usage systématique” explique la rhumatologue.

Lorsque la douleur devient ingérable et que la qualité de vie est altérée, la prothèse totale de hanche représente le dernier recours. C’est généralement l’évaluation du retentissement (indice de Lequesne) qui contribue à orienter vers ce traitement chirurgical.
“Cette intervention, bien qu’invasive, est très bien maîtrisée aujourd’hui : il est important de la dédramatiser auprès des patients. Elle offre dans la grande majorité des cas une disparition complète de la douleur et permet de retrouver une vie normale” insiste la rhumatologue.

L’intervention dure une à deux heures, est de plus en plus souvent, réalisée en ambulatoire ou avec une hospitalisation très courte (1 à 3 jours), selon l’état du patient et l’organisation de la clinique. Les douleurs sont modérées et s’estompent généralement en quelques jours. En général, la reprise des activités quotidiennes normales se fait en quelques semaines, tandis que le retour à un niveau d’activité plus soutenu peut prendre 2 à 3 mois.

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