Si le budget de l’État n’était pas voté par le Parlement, les conséquences seraient loin d’être théoriques à Mayotte. Dans le département le plus pauvre de France, un tel scénario aurait des effets rapides et très concrets sur les services publics, les collectivités et l’économie locale.
Certes, l’État continuerait d’assurer l’essentiel : salaires des fonctionnaires, fonctionnement de la préfecture, de la police, de l’hôpital ou des écoles. Mais ce serait en mode dégradé, via des crédits provisoires limités au strict minimum. Tout ce qui relève de renforts, de créations de postes ou de plans exceptionnels serait gelé. À Mayotte, où la sécurité, la justice et l’éducation sont déjà sous tension permanente, ce gel pèserait lourd.
Pour les collectivités locales, le risque est encore plus sensible. Communes et Département dépendent largement des dotations de l’État. Un budget non voté peut entraîner des versements étalés, retardés ou strictement encadrés. Concrètement, cela signifie des difficultés de trésorerie : retards de paiement aux entreprises locales, reports de subventions aux associations, ralentissement de services essentiels comme la gestion des déchets, de l’eau ou de la voirie.
L’investissement serait le premier sacrifié. À Mayotte, de nombreux projets – routes, écoles, équipements publics, réseaux d’eau – reposent sur des crédits annuels et parfois exceptionnels. Sans budget voté, les nouveaux chantiers seraient différés. Des projets pourtant annoncés pourraient rester sur le papier, faute d’engagement financier clair.
Enfin, la reconstruction et le rattrapage structurel, souvent présentés comme des priorités nationales pour Mayotte, seraient relégués au second plan. Là où l’État fonctionnerait « au minimum », Mayotte encaisserait le maximum des conséquences. Une nouvelle démonstration, s’il en fallait une, de la fragilité budgétaire d’un territoire déjà sous perfusion financière.









