Un an après le cyclone Chido, Mayotte attend toujours la reconstruction annoncée. Entre assurances qui tardent, services publics débordés et familles laissées dans la détresse, l’île vit dans un entre-deux insupportable. En ce 14 décembre, retour sur un anniversaire qui n’a rien d’un souvenir. C’est une réalité encore brûlante.
Bilan et situation actuelle à Mayotte : une reconstruction bloquée, des vies suspendues
Un an après le cyclone Chido à Mayotte de 2024, on voudrait parler de renaissance dans les actualités à Mayotte. On voudrait écrire que Mayotte s’est relevée. Mais ce serait mentir. La reconstruction est au point mort, empêtrée dans des lenteurs administratives qui n’ont rien d’un hasard. Elles traduisent un désintérêt profond pour notre île.
Les assurances jouent la montre pendant que des entreprises agonisent. Les dossiers tournent en rond, les experts se renvoient les responsabilités. Et pendant ce temps, les Mahorais comptent les mois, puis les factures. La préfecture pousse, secoue, menace même. Mais rien n’y fait, le monde de l’assurance répond plus vite à ses actionnaires qu’aux victimes d’un cyclone.
Et que dire du système de santé à Mayotte ? Un an après le cyclone Chido, la détresse psychologique est massive, mais on fait comme si tout cela était une broutille. Les familles traumatisées, les enfants qui vivent avec la peur au ventre… Où sont les cellules de soutien durables ? Où sont les moyens humains supplémentaires ? On a pansementé avant de soigner.
J’aimerais écrire “plus jamais ça”. Mais nous vivons au cœur d’une zone cyclonique. Refuser d’investir dans des constructions anticycloniques relève de l’inconscience. Plus grave encore, cela condamne nos futures générations à subir les mêmes drames, en boucle, faute d’une gestion post-cyclone réellement anticipée.
Conséquences humaines et sociales : une crise humanitaire qui ne dit pas son nom
Alors oui, ce 14 décembre 2025, je ressentirai un espoir sincère. Celui de voir Mayotte transformer le chaos en opportunité, devenir enfin le territoire fort, moderne et exemplaire qu’elle peut être.
Mais je ressens aussi une inquiétude lourde. Car sur le terrain, la reconstruction avance au rythme d’une administration parisienne qui ne connaît ni nos nuits d’angoisse, ni nos toits troués, ni nos écoles éventrées.
Exils, traumatismes et résilience : ceux qui restent portent l’avenir de Mayotte
Et puis il y a une réalité dont on parle trop peu. Depuis cette catastrophe naturelle à Mayotte, beaucoup ont fait leurs valises. Ils sont repartis en métropole, parfois par nécessité, parfois par épuisement. On ne les juge pas, chacun fait comme il peut pour survivre.
Mais ceux qui sont restés… ceux-là portent quelque chose de plus lourd. Ils vivent encore avec le bruit du vent dans la tête, avec l’angoisse de la prochaine alerte. Ils ont choisi de rester, de tenir, de reconstruire malgré tout, malgré des conditions de vie profondément dégradées.
Ce sont eux, les Mahorais qui n’ont pas fui leur île blessée, qui rebâtiront Mayotte.
À eux, je veux rendre hommage.
À leur courage silencieux.
À leur ténacité.
À leur amour viscéral de ce territoire que d’autres décident à leur place.
Un an après Chido, l’illusion du “ça va s’arranger” ne suffit plus.
Mayotte n’a plus le luxe d’attendre.
Elle a besoin d’actes. Pas de promesses qui, au final, ne sont pas tenues.









