
Quand tout va bien, on commence à ressentir une douleur auditive autour de 120 dB, soit le bruit d’un réacteur d’avion proche. « Dans l’hyperacousie, avec ou sans surdité, ce seuil descend à 60-80 dB », précise le Dr Frédéric Bouscau-Faure, ORL. Les sons aigus surtout sont perçus trop forts. De plus, ce trouble peut être accompagné d’acouphènes. Cela finit par entraîner du stress, parfois de la douleur, de la fatigue, des maux de tête, voire un repli sur soi. On devient irritable, anxieux à l’idée d’affronter le bruit ; on peine à se concentrer dès qu’il est présent en arrière-plan. Cette gêne aux causes variées est heureusement réversible.
Quelles sont les causes de l’hyperacousie ?
L’hyperacousie est « six fois sur dix liée à une surdité », note le Pr Jean-Luc Puel, directeur de recherche Inserm à l’Institut des neurosciences de Montpellier et président de la Journée nationale de l’audition. Le cerveau tente de compenser la perte auditive en élevant la sensibilité aux sons.
Quand l’audition est normale, le trouble peut venir d’un choc sonore unique (explosion, concert) ou répété (chantier, usine…). Ou survenir après un traumatisme crânien, un choc émotionnel ou la prise de médicaments ototoxiques (anti-inflammatoires non stéroïdiens, diurétiques…). Les mécanismes ne sont pas toujours bien identifiés. C’est le plus souvent un dérèglement des voies auditives cérébrales ou une hypervigilance acoustique.
Hyperacousie : quand consulter un médecin ?
Si, après quelques semaines, cette hypersensibilité aux sons persiste, il faut consulter votre médecin traitant. Il fera le point sur vos éventuels traitements médicamenteux et votre santé générale pour éliminer une cause externe. Puis il vous orientera vers un ORL ou, mieux, une équipe pluridisciplinaire spécialisée pour poser le diagnostic.
« Un audiogramme détermine le seuil d’inconfort, là où la gêne commence », explique le Dr Bouscau-Faure. Et un entretien approfondi aide à cerner la cause du trouble. « Ce bilan complet sert aussi à la différencier d’autres gênes auditives, comme la misophonie, une aversion pour des sons spécifiques tels que les bruits de mastication ».
Comment traiter l’hyperacousie ?
Cela peut paraître étrange, mais s’exposer progressivement est la thérapie la plus efficace. « Le but est de diminuer l’hyperactivation cérébrale, qui est l’une des origines de l’hyperacousie », résume Benoît Malartre. L’audio prothésiste règle un appareil auditif pour qu’il génère du bruit à une intensité qui ne gêne pas, adaptée à l’hyperacousie. Les six premiers mois, il produit du bruit “blanc”, qui émet toutes les fréquences sonores à même niveau très bas », détaille le Dr Bouscau-Faure. On le porte 2 heures par jour au maximum, « plutôt dans les temps d’activité qu’au calme. Il faut que le cerveau entende, sans prêter attention aux sons. Il ne s’agit pas d’une écoute active », précise le médecin.
Des tests évaluent ensuite l’amélioration. Selon les résultats, « on peut par exemple passer aux bruits “bleus”, situés dans les aigus ». Le suivi est régulier, hebdomadaire idéalement. Il faut environ un an pour guérir de l’hyperacousie et arrêter la thérapie. « Notre unité obtient 74 % de guérison », conclut le Dr Bouscau-Faure. « Des personnes abandonnent en cours, notamment à cause d’effets secondaires : fatigue, troubles du sommeil… ».
L’appareillage sera plus complexe avec une surdité associée : « en plus de corriger la surdité, l’audioprothésiste rééduque l’hyperacousie en amplifiant doucement, au long cours, les sons mal supportés », dit le Pr Puel.
Hyperacousie : une douce exposition au bruit
En dehors de la thérapie sonore, il est conseillé de s’exposer au quotidien à un niveau de bruit bas et apaisant : musique ou télévision à un volume supportable… Et, dans les ambiances sonores “à risque” (bricolage, sortie au restaurant…), de porter des bouchons d’oreilles sur mesure », explique Benoît Malartre.
Une prise en charge émotionnelle
Des mois d’hyperacousie génèrent anxiété et phobie sociale. D’où l’intérêt de bénéficier d’une approche psychocorporelle en parallèle. Sophrologie et relaxation aident à effacer les tensions musculaires, à apprivoiser la peur du bruit par la concentration et le détournement de l’attention. L’hypnose et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) par l’imagerie mentale, permettent de dissocier les sons de leur perception négative. L’orientation du patient dépend de l’unité spécialisée. « Certaines unités demandent qu’il rencontre tous les thérapeutes lors du bilan, et il décidera en fonction de ses besoins », indique le Dr Bouscau-Faure.
<a style="display: inline-block; height: 44px; line-height: 44px; padding: 0 24px; background: #AE0409; color: #fff !important; -webkit-text-fill-color: #fff; border-radius: 6px; text-decoration: none; font-weight: 600; font-size: 15px; text-align: center;" href="https://www.santemagazine.fr/sante/maladies/maladies-de-l-oreille/hyperacousie-peut-on-reduire-sa-sensibilite-au-bruit-1144003" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Lire l'article originale
</a>





