La Chambre Régionale des Comptes n’y va pas par 4 chemins dans son dernier rapport sur la gestion du patrimoine départemental : absence de vision, de compréhension, pratiques illégales, fraudes aux impôts …. bref un chantier considérable s’ouvre pour l’exécutif.
Ainsi la lecture des 43 pages de rapport permet de comprendre que le Département de Mayotte, premier propriétaire foncier de l’archipel avec 140 km², détient un patrimoine immobilier considérable : 231 bâtiments répartis sur 140 sites, couvrant plus de 61 000 m². Pourtant, cette richesse potentielle est gérée de manière approximative, faute d’un inventaire précis et d’une vision stratégique. L’absence de connaissance exhaustive empêche toute rationalisation de l’occupation des locaux, de leur entretien ou de leur efficacité énergétique.
Cette carence entraîne des situations ubuesques : la collectivité occupe parfois des parcelles privées, s’exposant à des poursuites, et loue des locaux alors même qu’elle dispose d’un vaste parc sous-exploité. La gestion est éclatée entre plusieurs services, sans coordination, privant le Département de recettes estimées à plusieurs millions d’euros. Des logements sont même attribués à des agents sans qu’ils remplissent les conditions légales et sans que les déclarations afférentes ne soient effectuées.
Les acquisitions et cessions se font sans réelle analyse des besoins, comme l’achat onéreux d’un bâtiment à Paris pour la délégation de Mayotte, illustrant un manque d’expertise. Par ailleurs, une grande partie des biens est inoccupée et en mauvais état, générant plus de coûts que de revenus. Rien que les taxes foncières (8,5 M€) dépassent 20 fois les recettes liées aux redevances d’occupation.
Depuis 1996, la régularisation des occupations coutumières piétine, entachée d’erreurs juridiques qui exposent la collectivité à des contentieux. Cette inertie freine le développement de l’île et prive Mayotte d’un levier économique majeur.
Un inventaire complet, une stratégie foncière claire et une gestion unifiée sont indispensables. Ne pas connaître et valoriser son patrimoine est une faute lourde pour une institution publique, surtout dans un territoire où chaque ressource compte.






