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La loi Mayotte serait elle morte avant d’être née ?

Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-Mer, sera vraisemblablement à Mayotte dans quelques jours entre le 31 janvier et le 1 février. Le programme de sa visite est assez simple : s’adresser aux mahorais et rencontrer les élus locaux de Mayotte au premier rang desquels les Maires. Le Conseil départemental ne fait pas partie de son programme …

 

 

Il y a près d’une semaine maintenant, les élus du Conseil départemental ont émis un avis défavorable sur le texte de la loi Mayotte et ont assorti cette première délibération d’une seconde rassemblant toutes leurs observations et critiques.

Les délibérations ont été transmises à Paris qui ne les a pas reçues avec le sourire visiblement.

Selon un proche du Ministre : « nous avons eu la naïveté de croire que nous pouvions travailler en laissant de côté les questions politiciennes en cette période de campagne, nous nous sommes trompés. »

Le Ministre vient donc à Mayotte et n’a à ce stade pas prévu de s’adresser au Président du Conseil Départemental.

« Nous gardons la même ambition pour Mayotte afin d’accélérer son développement, nous voulons continuer une lutte intense contre l’immigration clandestine. Nous n’avons pas renoncé à faire de la convergence sociale vers le droit commun une priorité. »

Sébastien Lecornu se déplace sur notre île pour annoncer les mesures réglementaires qu’il entend mettre en place sans passer par la loi. « La loi n’était qu’une brique dans le dispositif global, explique un proche du ministre, nous allons continuer avec les autres outils que sont par exemple les ordonnances et les 85 solutions opérationnelles pour Mayotte »

La loi Mayotte est-elle alors morte et enterrée ? Les conditions politiques ne sont en tous les cas par réunies pour le moment pour avancer, explique-t-on du côté de la rue Oudinot.

L’entourage du Ministre se montre rassurant, « il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites sans la loi, et nous allons les faire ».

Le Ministre réunira les maires pour enclencher les transformations et avancer sur le déploiement des 85 solutions opérationnelles.

Le scénario le plus probable donc à ce stade est que Mayotte ne bénéficiera pas de sa loi dans ce quinquennat qui s’achève dans quelques semaines.

Le rebond politique pour le gouvernement est assuré : « on ne fait pas de chantage à Emmanuel Macron » qui reprend ainsi la main sur les évènements et va donner des gages de son engagement directement à la population via les Maires. D’aucuns diront que la tactique politique est plutôt habile.

Les électeurs de l’île au lagon se laisseront-ils convaincre et donneront-ils leur confiance au Président sortant ? La promesse de faire la loi dans un contexte non électoral est un argument de campagne qui peut faire mouche surtout lorsque 10 des 17 maires soutiennent Emmanuel Macron, qu’ils sont à la manoeuvre et qu’ils sont proches de la population. Ils deviennent alors les messagers.

Si les évènements se déroulent ainsi et que le bras de fer engagé tourne à la faveur du Sébastien Lecornu, le conseil départemental aura perdu gros, des responsables devront être trouvés et ce à quelques semaines des élections législatives.

Néanmoins, les élus du CD n’en resteront pas là, 3 campagnes électorales sont en cours : présidentielles, législatives et sénatoriales …

La vie politique n’est décidément pas un long fleuve tranquille, avec un principe jamais démenti : la vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain.

En attendant d’y voir plus clair dans le bras de fer engagé sur fonds de campagne présidentielle, les habitants de l’île au lagon souffrent toujours autant de l’insécurité, des conséquences de l’immigration clandestine. Les salariés et leurs patrons n’ont toujours pas de retraites correctes et les minimas sociaux n’ont pas progressé d’un centime ….

Anne Constance Onghéna

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