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Koungou : un arrêté d’interdiction de circulation des mineurs en guise de mesure d’urgence

Mayotte vient de connaître une nouvelle période d’ultra violence sur la commune de Koungou avec deux hommes qui ont perdu la vie dans le cadre de nouveaux affrontements, agressions et dégradations, sans pour autant que les faits des deux affaires ne soient liés. En réponse à cette situation exceptionnelle, le maire a été contraint d’imposer une mesure exceptionnelle…

Pendant deux semaines, la commune de Koungou a une nouvelle fois dû faire face à une vague de violences urbaines liées notamment à la constitution de bandes rivales armées qui se sont affrontées entre elles et contre les forces de l’ordre, avec à la clé de nombreux dégâts matériels, des blessés et deux morts. La préfecture a ainsi dû faire appel à un escadron de gendarmerie mobile supplémentaire qui est arrivé en fin de semaine dernière sur le territoire, afin de ramener calme et ordre sur le département.

Or, ce n’est qu’une mesure provisoire, les militaires ne resteront pas à poste et repartiront dans un délai de 3 mois.

Ce nouvel épisode a ainsi contraint le maire de la localité à prendre des mesures, dont un arrêté interdisant la circulation des mineurs la nuit après voir constatés que ceux-ci avaient été nombreux à participer à ces débordements et désordres sur la voie publique.

Considérant que la circulation des mineurs la nuit, sans accompagnement d’au moins un de leurs parents ou de leur représentant légal, et leur participation à ces évènements, présentent un risque grave pour leur propre sécurité. la sécurité des tiers et des biens ainsi que pour la tranquillité publique” indique l’arrêté municipal.

Mais la mesure est éphémère et s’est seulement destinée au week-end dernier, soit du 17 au 19 juin 2022 inclus, de 20h00 à 04h00 du matin. La circulation des mineurs de 13 ans et plus a ainsi été proscrite sur la place de la poste de Koungou village délimitée par la RNI, la rue du jardin Lambique, le terrain de basket-ball et la bibliothèque ; soit un secteur strictement délimité qui a été le théâtre de nombreux affrontements.

Dans les faits, il est à noter qu’effectivement le week-end aura été plus calme que les jours précédents, mais ce n’était pas difficile à obtenir au regard du niveau de violences qui avait été atteint dans la commune.

En attendant, faut-il prêter à l’arrêté un effet significatif ? La réponse est difficile à apporter même si la décision a dû contribuer à limiter les dégâts en en dissuadant certains à sortir le museau dehors. Or, ce type d’arrêté n’est pas nouveau sur le département où de nombreux maires ont déjà été contraints de les imposer aux habitants pour tenter de ramener calme et ordre avec plus ou moins de réussite. De Chirongui à Dzaoudzi pour ne citer que ces deux exemples, les interdictions de circulation de mineurs non accompagnés ont ainsi déjà fleuri sans pour autant que les heurts n’aient été limités sensiblement. La menace pénale n’a ainsi eu guère d’incidence sur les violences qui se sont poursuivies sans discontinuer ces derniers mois, ces dernières années…

Avec l’expérience, il est donc permis de dire que ce type de décision ne constitue pas en soi la solution, mais une parmi beaucoup d’autres. Et c’est sans doute plus la présence renforcée des forces de l’ordre de l’ordre sur le terrain qui a le plus contribué à dissuader l’engeance de reprendre position sur le terrain…

Le débat sur l’insécurité reste donc entier sur le territoire, sans pour autant qu’il n’ait abouti à des changements significatifs. Au contraire même, le temps passant, les niveaux de violences sont régulièrement dépassés avec à la clef de plus en plus de victimes et de morts… C’est un fait et il appartiendra aux nouveaux législateurs mahorais d’œuvrer avec l’exécutif national pour faire reculer un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur et finit par ruiner toute ambition de développement durable.

Samuel Boscher
Pour France Mayotte matin

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