Top pub
Top pub
Top pub
Top pub

Estelle Youssouffa répond à la FSU

Dans un post Facebook, la député de la circonscription 1 répond à la FSU :

Professeurs,

Je lis votre indignation : loin de moi l’idée de vous heurter sinon de rappeler quelques faits. Vous n’ignorez pas la position de certains (nombreux) enseignants à Mayotte qui s’engagent (c’est leur droit le plus strict) pour aider les jeunes sans papiers. Ces enseignants sont de passage sur l’île, avec des rêves d’exotisme confortable (pourquoi garder son poste et ses primes au lieu de partir directement l’humanitaire aux Comores si tel est l’objectif? Venir à Mayotte pour des motifs financiers n’est pas honteux mais il faut admettre que c’est un élément clef de la prise de décision de venir).

Certains de ces enseignants sont donc plein d’idéaux qu’ils transmettent en méconnaissance de la loi à Mayotte (ou en lutte contre elle), et nous laissent derrière eux des jeunes adultes (plein d’illusions) qui se prennent violemment la réalité administrative plus tard. Nos chevaliers blancs sont repartis à la fin de leur(s) mission(s), et Mayotte reste avec leur(s) oeuvre(s): Mayotte qui doit gérer (mal) ces jeunes qui sont en colère et amers, en révolte. Notre enfer mahorais est pavé des bonnes intentions de certains.

Et à partir du moment où certains s’engagent en politique par leur action citoyenne, ils ne peuvent se retrancher derrière l’institution pour échapper aux critiques sur la place publique ni éluder la réalité de leurs émoluments.

La prime que vous percevez n’est certainement pas un débat: je me bats avec l’Education nationale pour qu’elle soit au même niveau que l’indexation de vos collègues de la Réunion. C’est pour moi, une question d’attractivité et d’égalité entre fonctionnaires même si son existence même me choque. Vous comprennez que cette prime est une différence de traitement avec les contractuels qui sont la majorité des enseignants à Mayotte et qu’eux n’ont pas de compensation pour la cherté de la vie qui la justifie alors que vous exercez la même activité et que nous allons tous dans les mêmes supermarchés nous étrangler à la caisse. Par ailleurs, si l’éloignement est la justification des primes, je vous rappelle que les enseignants titulaires ultramarins n’ont pas de prime lorsqu’ils enseignent dans l’Hexagone. Ce que je me gardais de détailler publiquement jusqu’à ce jour.

Au delà de ces échanges d’arguments qui ne nous mettront probablement pas d’accord, vous savez comme moi que l’Éducation nationale se disloque et qu’elle est à Mayotte en très grande difficulté avec une mission écrasante: mon mandat est de me battre au Parlement pour vous donner les moyens et les conditions de travailler dignement et en sécurité. Ce que je fais de mon mieux. Même pour ceux qui me critiquent ou se retrouvent victimes des bourreaux qu’ils ont naïvement contribué à protéger.

Je veux croire que nous avons en commun un engagement quotidien pour construire l’avenir et je veux vous dire ma sincère gratitude pour votre travail dont je ne peux qu’imaginer la difficulté.

Je vous transmets mes respectueuses salutations et reste à votre écoute.

Estelle YOUSSOUFFA

Articles associés