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SUD Santé-Sociaux Mayotte : « Malgré les annonces, l’insécurité perdure »

9h15:

SUD Solidaire

L’union syndicale Solidaires SUD Santé-Sociaux Mayotte a décidé de s’exprimer face aux annonces des dernières semaines, faisant suite au mouvement de grève générale qui a duré 7 semaines sur le territoire. Pour le syndicat, le compte est loin d’y être, notamment en matière de sécurité. Voici l’intégralité du communiqué envoyé aux différentes rédactions de l’île.

« Après 2 mois de manifestation sur l’ile de Mayotte pour demander la sécurité des biens et des personnes, et une meilleure égalité sociale, nous constatons suite aux différentes prises de positions des autorités politiques et administratives que le compte n’y ait pas. Les derniers évènements de faits divers ne contribuent pas non plus à l’apaisement des tensions sociales sur le territoire.

Après la déclaration du premier ministre du 19 avril 2018 sur Mayotte, suivie de celle de la ministre des outre-mer en date du 15 mai 2018, nous observons des annonces sur des moyens financiers en grande partie déjà en programmation, et peu de mesures nouvelles pour sortir le territoire de la crise profonde qu’elle traverse.

S’agissant de sécurité des biens et des personnes : suite à la programmation de renforcement des effectifs de la sécurité publique, nous déplorons l’augmentation de la délinquance de ces dernières semaines avec des faits graves (atteintes physiques aux personnes dont des violences sur agents de sécurité publique, tentative d’enlèvement, recrudescences des cambriolages et différents trafics sur le territoire).

Notre organisation syndicale condamne fermement ces violences et demande l’accélération de démantèlement de réseaux de banditismes qui sont en grande partie connus. Face à la recrudescence de l’insécurité de ces derniers mois, la population constate l’impuissance de la force publique à mettre de l’ordre sur le territoire et se voit obliger d’organiser sa propre protection.

Malgré l’efficacité du système de sécurité assurer par les villageois dans différentes communes de l’ile, nous nous interrogeons sur la pérennisation de ses moyens, mais aussi à la situation sociale des bénévoles. Nous demandons une réelle réflexion sur un dispositif de remplacement des groupes de sécurité villageois par du personnel salarié et agréé.

Les moyens de développement tant attendu par la population ne sont pas non plus au rendez-vous. Il n’y a pas d’annonce concrète sur les vraies mesures d’investissements qui concernent par exemple la piste longue aéroportuaire, l’aménagement rurale, le désengorgement de la commune de Mamoudzou, le développement des formations professionnelles et universitaires, ainsi qu’un plan de relance de la production locale pour limiter la dépendance de Mayotte vis-à-vis de l’importation.

Nous nous inquiétons aussi sur la réelle implication de pouvoirs publics pour rassurer la population sur les derniers évènements de secousse sismiques à répétition que subisse l’ile depuis 2 mois. Nous demandons un réel dispositif d’étude et d’alerte de la population afin de mieux étudier le phénomène qui est encore nouveau pour la population de l’île. Sur le plan sanitaire : nous observons l’augmentation d’évacuation sanitaire des malades de Mayotte vers des hôpitaux extérieurs, au lieu d’un renforcement de présence de médecin chirurgien sur l’ile. Nous dénonçons ce manque de volonté de développer l’offre de soins à Mayotte.

Afin de mieux préparer la population, nous nous attachons à la mise en place d’un PACES (première années commune aux études en santé), la séparation de numérus clausus de la population de Mayotte à celle de la Réunion, l’indépendance des instituts de formations et des établissement scolaires vis avis des établissements extérieurs, et l’augmentation des offres de formations sanitaires et sociales qui sont aujourd’hui loin de répondre aux besoins du territoire.

Nous demandons l’accélération du dispositif de la création de l’ARS Mayotte et le raccourcissement du calendrier de mise en place de réel rattrapage social du territoire de Mayotte, pour l’extension du code de la sécurité sociale et la mise en place de CMU-C dès 2019, ainsi que les conventions collectives et accords de branches. Nous dénonçons des insuffisances dans le projet régional de santé (PRS) qui manque d’ambitions sur le développement d’offres de formation, et une véritable politique de santé publique qui doit passer par l’application des textes sur l’interdiction des produits alimentaires mettant en danger la population.

Notre organisation syndicale demande vivement l’installation d’une vraie cellule de contrôle sanitaire qui sera chargée d’interdire tous produits impropres à la consommation, dont malheureusement un grand nombre bénéficie des financements publics dans les restaurations scolaires ou des aides à l’importation des produits alimentaires.

Le Syndicat SUD Santé Sociaux reste attentif aux différentes applications des engagements pris par l’Etat dans le domaine social et sanitaire qui sont encore loin de satisfaire au besoin réel du territoire. Nous exigeons un réel dispositif de protection de la population de Mayotte qui fuit en masse aujourd’hui la misère sociale, car contraint de quitter le territoire pour espérer un avenir meilleur.« 

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