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Les détails de l’audience de l’éducateur qui profitait de mineures de 14 et 15 ans

Les audiences collégiales du tribunal judiciaire de Kawéni s’ouvraient hier sur une affaire qui en soit, semble faire état de bien des fléaux qui parasitent Mayotte. Un éducateur de Mlézi Maoré était alors jugé pour avoir eu recours à la prostitution de mineures, des faits s’étant certes déroulés en dehors de sa profession mais d’une gravité sans nom : le dénommé Ali couchait avec quatre jeunes filles fugueuses alors âgées de 14 et 15 ans, en échange d’un toit et d’un peu d’argent…

Il s’en est fallu de peu pour que l’audience ne soit renvoyée hier, et ce en raison de l’absence de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) pourtant portée partie civile. L’affaire avait d’ailleurs déjà été renvoyée pour que l’ASE puisse y être présente…Quelques jours à peine après le comité de pilotage départemental de l’aide à l’enfance où d’ambitieuses orientations étaient présentées, l’absence est du plus mauvais effet. Le prévenu, prénommé Ali, était lui bien présent à la barre. Une stature imposante, bedonnant et l’oeil vitreux, il adoptera tout le procès durant l’une de ces postures que le tribunal exècre pourtant : la minimisation, et un pseudo déni aux allures de dédain presque simplet.

Éducateur chez Mlézi Maoré ainsi que réserviste de la gendarmerie nationale, l’homme travaillait jusque-là au contact de jeunes hommes de 12 à 18 ans dans un foyer d’enfants.

Des rapports sexuels contre un hébergement

Les faits reprochés à Ali sont clairs, et s’il tentera tout au long de l’audience de les minimiser, ces derniers sont bien reconnus par le prévenu : le recours à la prostitution de mineures. Ainsi du 1er juillet au 30 août 2019, Ali aurait eu recours à de jeunes femme en situation d’errance ou de fugue pour satisfaire ses besoins les plus primaires. Tout aurait commencé avec l’une des victimes, une jeune adolescente fugueuse qu’il accepte de prendre en stop. Si celle-ci, dans ses déclarations, expliquera que c’est lui qui lui propose un rapport en échange de « tout ce qu’elle veut », le prévenu dira lui que c’est la jeune femme qui a initié le rapport.

À la clé, un peu d’argent, de quoi acheter des couches pour son bébé. Ils se recroisent plus tard, la même offre est sur la table et cette fois, la contrepartie relève d’un hébergement dans la maison en dur du prévenu – un banga à Tsararano. Ali lui laissera alors les clés avant un voyage en métropole. À son retour, il y trouvera 4 jeunes filles, amies de la première, lesquelles auront toutes un récit concordant : toutes ont eu des relations sexuelles consenties avec le prévenu en contrepartie d’un toit sur la tête d’un peu d’argent à l’occasion.

« Vous avez l’air d’un seigneur local, plein d’empathie envers les jeunes qui souffrent »

« C’est de l’aide pour vous ? Vous aidez quelqu’un en lui donnant de l’argent en échange d’un rapport sexuel ? » demandait la juge d’une façon quasi moraliste, à la limite de la pédagogie. Le prévenu honteux répondra dans un grommèlement vaguement inaudible : « Je ne l’avais pas vu comme ça ». Tout au long il expliquera qu’il pensait que les jeunes femmes étaient majeures, et pour preuve elles avaient des enfants.

« Pourquoi avoir eu un rapport sexuel avec elle ? » demandera le juge à propos de l’une des jeunes femmes. « Parce qu’elle en avait envie » sera la seule réponse. « Elle en avait envie ? Elle vous décrit comme dégueulasse » rétorquait la juge… « Vous avez beaucoup de succès avec les jeunes filles », continuera-t-elle. « Ça vous arrive souvent que des jeunes filles de 14 – 16 ans viennent vous trouver ? » Face à l’attitude déplorable du prévenu, l’une des juges demandera : «À vous entendre on se demande même sil elles ne vous ont pas violé ». Ali répondra simplement : « On m’a menti. « Vous êtes victime d’un complot alors » ?

Cette autre juge reprendra : « Vous avez l’air d’un seigneur local, plein d’empathie envers les jeunes qui souffrent, pourquoi vous n’accueillez pas de jeunes garçons ? ». Je ne suis pas allé les chercher, elles étaient déjà chez moi quand je suis revenu » expliquera Ali, perpétuant une comparaison avec le conte de Boucle d’or et des trois ours qui trouvent l’innocente petite endormie dans leur maison à leur retour… Selon l’examen du psychiatre, le prévenu n’avait alors fait preuve d’aucune empathie pour ses victimes, ni d’aucun regret ou pathologies psychiques de quelque sortes.

Après les réquisitions du procureur, laquelle demandera 3 ans de prison et deux ans assortis d’un sursis simple, l’avocat de la défense Me Kamardine prendra la parole. Il racontera une anecdote pour prouver que des jeunes ne sont pas tenus à la vérité quant à ce genre de situation ( l’affaire d’Outreau prise en exemple) et détaillera l’une de ses journées sur la plage qui jouxte sa maison dans le Sud, où des jeunes filles lui avait alors proposé des massages…

Ceci dans le but de justifier les intentions potentielles des jeunes filles de coucher avec son client pour parvenir à leurs fins.
Ali sera finalement, en dépit de cette plaidoirie très imagée, condamné à trois ans d’emprisonnement, dont deux ans assortis de sursis, et une interdiction d’exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact avec des mineurs, pour une période de 10 ans.

Un article de Mathieu Janvier, à retrouver dans l’édition du 1er avril 2021 de France Mayotte Matin.

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