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Le CMEM remet en cause le baromètre de la délinquance de la préfecture

Marcel Rinaldy, président du CMEM, adresse une lettre à la préfecture dans laquelle il remet en cause le baromètre hebdomadaire de la délinquance.

Monsieur le Préfet de Mayotte,

Le collectif du monde économique de Mayotte prend note de la publication d’un baromètre hebdomadaire de la délinquance. Toute initiative permettant de comprendre et d’appréhender les violences commises sur le territoire afin de pouvoir mieux les combattre sera la bienvenue. Ainsi, le baromètre publié pour la première fois ce samedi 5 mars montre une diminution des actes de violences commis à Mayotte dans la semaine du 22 au 28 février 2021, comparée à la moyenne hebdomadaire de 2020. Si les instances de l’État sont à même de constater cette tendance, celle-ci ne se ressent malheureusement pas au quotidien.

Aussi, la méthode retenue pour établir ce baromètre nous mène à plusieurs commentaires : Tout d’abord, Mayotte est en confinement depuis le 5 février 2021. Les déplacements sont donc largement restreints. Lors du premier confinement, des diminutions significatives des actes de violence ont été constatées sur l’ensemble du territoire national. Il n’est donc pas surprenant, et peut-être même quelque peu rassurant que ce soit également le cas à Mayotte. Analyser un phénomène tel que la délinquance de semaine en semaine, en comparaison avec « la semaine moyenne de l’année passée », dans des contextes différents, n’est pas probant.

Du point de vue du monde économique, nous trouverions donc plus pertinent la mise en place d’un outil d’évolution sur plusieurs années.
En outre, nous sommes interloqués par un autre paramètre. Si l’on se réfère à la semaine du 21 au 28 février, les faits tragiques et abominables qui se sont déroulés à Koungou ne sont pas intégrés dans les chiffres officiels puisque les victimes n’avaient pas encore porté plainte la semaine dernière. Nous souhaitons attirer votre attention sur ce point : ces chiffres de la délinquance sont basés sur les dépôts de plainte. Or, nous le savons, une part importante des victimes ne dépose pas plainte pour plusieurs raisons : une situation irrégulière, l’obstacle sociologique et culturel, celui de la langue, la peur des représailles, sans oublier le sentiment que la justice n’est pas en mesure d’apporter une réponse concrète et efficace…

Le CMEM considère que les chiffres avancés ne sont donc pas représentatifs de l’ampleur de la délinquance et masquent la réalité vécue par les Mahorais quotidiennement. Nous rappelons que cette réalité impacte chaque jour les citoyens qui sont aussi nos collaborateurs et salariés, tout autant que nos activités. Les Mahorais ont le droit à la sécurité et à la dignité sur le sol français. Nous demandons le rétablissement de l’ordre républicain dans notre département. Aujourd’hui, nous, chefs d’entreprise, affirmons que l’insécurité n’est pas moins importante qu’il y a un an. Elle est même plus palpable et touche d’autant plus la population, qui est à bout.

Nous redoutons qu’en l’absence de réponses fortes, des phénomènes de vengeance et d’auto-justice se développent avec les conséquences que cela pourra avoir sur la société mahoraise. En ce sens, le CMEM maintient sa demande : d’envoi rapide et pérenne de forces de l’ordre, de réorganisation des horaires des forces de l’ordre afin de mieux coller aux réalités locales, de mise en place d’actions d’incitation au dépôt de plainte et de simplification, des démarches pour une appréciation plus juste des chiffres de la délinquance, d’une meilleure prise en charge des victimes après leur plainte.

Comme déjà souligné à de nombreuses reprises, les membres du CMEM sont prêts à travailler avec toutes les instances de Mayotte ou de métropole pour bâtir un territoire serein et sécurisé. Je vous remercie par avance pour l’intérêt que vous porterez à ce courrier et je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, en l’assurance de mes respectueuses salutations.

Marcel Rinaldy, Président du CMEM.

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