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18 mois ferme pour un éleveur de zébus qui blesse un policier à la machette

Un homme d’une cinquantaine d’années était jugé hier en comparution immédiate au tribunal judiciaire de Kawéni pour des faits d’une gravité rare : l’attaque de trois policiers du GAO à la machette alors qu’il tente de se soustraire à un contrôle d’identité. L’un des fonctionnaires était sévèrement touché à l’épaule, ce qui ne facilitera pas la tâche déjà difficile de répondre à de tels faits à la barre…

Après l’amusante erreur d’un prévenu se présentant au tribunal judiciaire de Kawéni au lieu du tribunal de St-Denis où il était convoqué, les comparutions immédiates d’hier après midi commençaient avec une affaire marquante : l’agression de trois policiers. Le 23 mars dernier, à Mamoudzou et selon le procès verbal rédigé par l’un policiers lui-même, l’individu armé d’une machette prend la fuite alors qu’il aperçoit les gardiens de la paix. Le prévenu – nommé A.S. – étant en situation irrégulière, les causes de la fuite sont évidentes. S’ensuit une course à pied, au cours de laquelle la police intime A.S. de se stopper et de lâcher son arme. Chose qu’il ne fera pas, en dépit des sommations policières répétées…

L’un des policiers arrivera à lui saisir le pied pour le ralentir, et évitera de peu un coup de machette sur la main. Le prévenue s’enfuira encore, traversant rivières et plantations, mais sera rapidement rejoint et encerclé. L’un des policiers tentera alors de le désarmer en frappant la main tenant sa machette d’un coup de branche d’arbre, mais sans succès. Le prévenu faisant preuve d’une mauvaise foi qui n’a pas été sans déplaire au tribunal, racontera deux versions des faits ayant mené à la blessure du policier à l’épaule. Dans ses précédentes dépositions, il aurait involontairement asséné un coup de machette en la brandissant en l’air pour se protéger. A la barre, le cinquantenaire mis en cause dira qu’il est tombé, et que c’est dans le mouvement de sa chute qu’il aurait accidentellement frappé le policier. Sachant qu’il a été frappé à trois reprises…

Des photos de la machette lui sont présentées. Quand le juge lui demandera, il reconnaîtra que l’arme est bien la sienne : «  Oui, je suis éleveur de zébus ». charmante contextualisation, mais qui n’atténue en rien la gravité des faits. Surtout que dans sa fuite, le prévenu appelait les gens du village à venir lyncher les policiers…

«  Les policiers attendaient de cette personne qu’il fasse preuve d’autant de courage qu’il en a fait avec son arme l’autre jour »

Pour Maître Hessler, avocat des victimes, l’individu à la barre aura fait preuve d’une grande lâcheté dans son attitude : «  Les policiers attendaient de cette personne qu’il fasse preuve d’autant de courage qu’il a fait avec son arme l’autre jour ». il condamnera les faits : «  c’est extrêmement grave de s’attaquer à un policier avec une arme » mais aussi l’attitude du prévenu et le qualifiant d’« extrêmement dangereux » .

Le procureur, dans ses réquisitions, rejoindra la partie civile sur un certain nombre d’observations. Notamment le fait que les policiers aient fait preuve de sang froid, que le prévenu soit encore en vie là où les choses auraient pu être bien différente. Face à une violence notable ( une «  coupure nette et franche au niveau de l’épaule avec une machette de 50 cm ») et la nécessité de protéger ceux qui nous protègent, Yann Le Bris demandera 2 ans d’emprisonnement ferme, assortis d’un mandat de dépôt.

Après un long délibéré, c’est effectivement la peine que le tribunal réservera à A.S., en plus de plusieurs milliers d’euros à verser aux parties civiles. L’éleveur de zébus à la machette folle repartait alors, à l’issue de la comparution, direction Majicavo…

Un article de Mathieu Janvier, à retrouver dans l’édition du jeudi 25 mars 2021 de France Mayotte matin.

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